« Cousins » spirituels des sulpiciens dans l’Ecole Française de spiritualité

Les sulpiciens sont un membre significatif de ce qui a été appelé l’Ecole Française de spiritualité, même si cette expression ne saurait passer sous silence qu’il n’y a pas d’uniformité au sein des tendances de cette ‘Ecole’ qui a façonné ce grand et large mouvement influent dans le renouveau spirituel du 17ème siècle.

De fait l’Ecole Française de spiritualité est en partie marquée par l’héritage de la Société des prêtres de Saint Sulpice, liée à d’autres communautés de prêtres ou de religieuses qui ont puisé leurs racines aux mêmes sources, ce pour quoi ils s’appellent eux-mêmes « cousins ». Avec les Oratoriens de Bérulle, cet ensemble comprend les Lazaristes (de S. Vincent de Paul), les Eudistes, les Missions Etrangères de Paris et les Sulpiciens, avec d’autres. Nous sommes de la même famille spirituelle, avec des histoires croisées, tout en conservant nos spécificités propres.

Intervenants du colloque

Le 11 novembre 2011, la branche aînée de l’Ecole Française, les Oratoriens, ont célébré le quatre centième anniversaire de leur fondation après une année parsemée d’événements spirituels et culturels en divers lieux de France. Fondée le 11 novembre 1611 par le père Pierre de Bérulle (1575-1629), devenu cardinal et considéré comme fondateur de cette Ecole dénommée « Française », les Oratoriens ont pris comme modèle le groupe du même nom fondé en Italie par Saint Philippe Néri au 16ème siècle. Une autre branche de cet oratoire nérien a été fondée en Angleterre au 19ème siècle (1848) par le très célèbre bienheureux cardinal John Henry Newman (1801-1890).

L’intérieur de l’église Saint-Eustache


Comme les sulpiciens, l’Oratoire de France a joué une part importante dans le renouveau de l’Eglise Catholique au moment de la Contre-Réforme (ou Réforme tridentine). Bérulle initialement a réuni un groupe de cinq prêtres autour de lui dans son hôtel particulier du Faubourg Saint-Jacques à Paris. Ceci pour en vue de renforcer la qualité des prêtres, et ainsi d’aider à créer dans l’Eglise une fontaine de renouveau spirituel. Apprécié pour sa qualité de piété, Bérulle a ouvertement ouvert la voie à un mysticisme spéculatif et a insisté particulièrement sur la théologie de l’Incarnation, le mystère de la Trinité, avec une profonde dévotion à la Vierge Marie. Il fut quelquefois reconnu comme « l’Apôtre du Verbe Incarné », et il chérissait – tout comme plus tard Jean-Jacques Olier – les Saintes Ecritures, avec une réelle importance accordée à l’adoration eucharistique, et un immense désir de renouveler l’exercice du sacerdoce.

Des vêtements du cardinal de Bérulle (Archives sulpiciennes)


Comme d’autres communautés religieuses françaises, l’Oratoire eut à vivre des moments difficiles en son histoire. Pendant la Révolution Française, l’ordre fut dissous en 1792 et ne put reprendre en France qu’à partir de 1852. De nouveau supprimé en 1903 après la promulgation de la loi anti-congrégationiste de 1901, certains oratoriens fuirent en Suisse, où ils se regroupèrent. Ils revinrent en France en 1920. Leurs constitutions ont été revues en 1969 pour intégrer les décisions issues du concile de Vatican II, et elles ont été approuvées par le Saint Siège en 1991. Aujourd’hui l’Oratoire de France compte 41 membres, la plupart d’entre eux continue d’enseigner dans des collèges, à Paris, Lyon, Marseille ou Pontoise.

Le sommet des célébrations de cet anniversaire s’est déroulé à Paris le weekend des 11 et 13 novembre 2011. Au début de ces événements un Oratorio a été donné, chanté par le célèbre chœur de la paroisse Saint Eustache – paroisse confiée aux oratoriens – et le lendemain eut lieu un colloque et une table ronde consacré à l’histoire et à la contribution de l’Oratoire dans la mission de l’Eglise. Une Eucharistie solennelle, présidée par son éminence le cardinal André VINGT-TROIS, archevêque de Paris, a clôturé ces célébrations, le dimanche 13 novembre, en la paroisse Saint Eustache.


L’actuel supérieur général des Oratoriens de France, le père James CUNNINGHAM, américain qui a passé plus de 35 ans de ministère en France, a conduit l’organisation de ce brillant anniversaire. A son invitation, le supérieur général des Sulpiciens, Ronald D. WITHERUP, a participé ce weekend aux festivités parisiennes et a été honoré d’être membre du comité d’honneur. Le provincial de France des Sulpiciens, le père Bernard PITAUD, a lui aussi été présent aux événements, avec d’autres membres de la Compagnie.

P. James CUNNINGHAM, supérieur général des Oratoriens


Parmi les nombreux contacts réguliers et fructueux entre sulpiciens et oratoriens, certains sulpiciens ont produit des travaux sérieux sur les écrits du cardinal de Bérulle. Le plus significatif fut celui conduit par le regretté Michel DUPUY, pss (1924-2011), expert reconnu sur le fondateur de l’Ecole Française, et qui a fait éditer onze volumes des œuvres de Bérulle. (Cf. Pierre de Bérulle : Œuvres complètes [Paris, Cerf, 1995-2011]. Le tome le plus récent est paru quelques jours avant le début de cet anniversaire. Les deux derniers tomes paraîtront dans un futur proche.

La Compagnie de Saint Sulpice remercie chaleureusement nos « cousins » spirituels pour cette borne miliaire de leur histoire. Avec la grâce de Dieu, nous prions afin que leur ministère se poursuive et puisse porter du fruit auprès de ceux et celles qu’ils servent pour la promotion de l’Evangile de Jésus-Christ.

Un crucifix élégant, l’église Saint-Eustache