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La Compagnie des Prêtres de Saint-Sulpice au Canada

 
L'origine de la Compagnie est intimement liée au grand mouvement d'évangélisation et de renouveau chrétien qui s'est développé en France au XVIIème siècle, et plus particulièrement à l'activité missionnaire et pastorale de M. Jean-Jacques Olier.

Disciple de saint Vincent de Paul, fondateur des Lazaristes et du Père Charles de Condren, second supérieur général de l’Oratoire, Jean-Jacques Olier (1608-1657) prend part aux « missions » impulsées par ces derniers en France. Il constate alors que cet effort apostolique serait sans lendemain sans une réforme du clergé. Sur le conseil du Père de Condren, devenu son directeur spirituel, il renonce à l'épiscopat qui lui est proposé afin de contribuer à cette réforme du clergé français qui doit passer selon lui par la formation dans des établissements dédiés à cette cause : les séminaires.


En décembre 1641, avec deux autres prêtres, il fonde à Vaugirard, alors village proche de Paris, une maison de formation qui reçoit les jeunes se préparant à devenir prêtres. Nommé quelques mois plus tard curé de la paroisse Saint-Sulpice, il transporte cette jeune communauté à Paris, près du presbytère. D'autres prêtres se joignent à lui pour assurer le service du séminaire et de la paroisse. Dès lors, on donne aux membres de l'équipe de formateurs le nom de Messieurs de Saint-Sulpice ou encore de Sulpiciens. Ainsi, naît la " Compagnie des Prêtres de Saint-Sulpice ".

Dans la pensée de M. Jean-Jacques Olier, cette petite Compagnie devait se limiter à un groupe de prêtres peu nombreux liés non par des vœux, mais par la charité sacerdotale et le don d'eux-mêmes au service de la formation des prêtres. Ils devaient être animés d'une vie spirituelle caractérisée tout à la fois par l'esprit apostolique, le sens de l'adoration et la vie intérieure de même que par un fort zèle missionnaire (cf. Constitutions, art. 1-5). Le séminaire constitue avant tout une communauté de vie fraternelle entre les candidats au ministère et les éducateurs que l’on prendra l’habitude d’appeler « directeurs ». En effet, ces derniers sont avant tout des maîtres spirituels exerçant le ministère de la direction spirituelle.

 


Vieux séminaire de Saint-Sulpice, attenant à la Basilique Notre-Dame de Montréal. Résidence des Sulpiciens depuis 1685.


M. Jean-Jacques Olier, alors prédicateur des missions populaires dans le pays chartrain et en Auvergne, s’intéresse de près à l’actualité de la Mission dans le Nouveau Monde et particulièrement à la colonie française basée en Nouvelle-France au Québec. En 1639, il co-fonde la Société Notre-Dame de Montréal qui se donne comme objectif l’établissement d’une colonie à Ville-Marie (Montréal) en 1642 et l’évangélisation des Amérindiens. Peu de temps avant sa mort, en 1657, M. Olier, enverra à Montréal quatre Sulpiciens qui prendront la succession des Pères jésuites et assureront le ministère dans la ville nouvelle. M. Gabriel Thubières de Levy de Queylus est le supérieur de cette petite équipe qui prend en charge la paroisse Notre-Dame à laquelle s'ajouteront par la suite 11 paroisses rurales dans l'Île de Montréal. Le culte de la Vierge Marie, qui occupe une place importante dans la spiritualité de la Compagnie, amène les Sulpiciens à prendre en charge deux chapelles consacrées à Marie :

  • En 1670, la Chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours située près de l'église Notre-Dame
  • Puis en 1881, la Chapelle Notre-Dame-de-Lourdes, voisine de l'église Saint-Jacques qui sera érigée en paroisse en 1904 et desservie par les Prêtres de Saint-Sulpice.

À compter de 1668, plusieurs Sulpiciens vont au loin évangéliser les Amérindiens : les Iroquois à la Baie de Kenté, au nord du lac Ontario, les Micmacs en Acadie, les Iroquois sur l'emplacement actuel d'Ogdensburg dans l'État de New York et, enfin, les Algonquins en Abitibi et au Témiscamingue.


Missionnaires, explorateurs, curés et seigneurs, les Sulpiciens ont œuvré auprès des autochtones, de la population montréalaise et des religieuses. Éducateurs et humanitaires, ils ont établi des écoles, des universités, des hôpitaux, des organismes de charité et des bibliothèques. Soucieux du beau, ils ont soutenu des artistes qui ont marqué les domaines de la peinture, de la sculpture, de l’architecture, de la musique. Ils ont ainsi contribué au développement de la vie religieuse, sociale, économique et culturelle à Montréal. Plus de 70 noms d’avenues, de chemins, de parcs, de places et de rues dans la Ville soulignent l’apport des Sulpiciens.


Il faudra attendre 1840 pour qu'à la demande de Mgr Ignace Bourget, évêque de Montréal, les Sulpiciens fondent le Grand Séminaire de Montréal.
En 1888, s'ouvre à Rome le Collège Pontifical Canadien qui accueille les prêtres canadiens et quelques prêtres candidats à Saint-Sulpice qui font des études dans les universités romaines.

Pour répondre aux besoins scolaires du milieu, Saint-Sulpice fonde également à Montréal deux collèges classiques qui, aujourd'hui encore, poursuivent leurs activités sous la responsabilité de corporations privées distinctes de la Compagnie. Dès 1767, M. le curé Jean-Baptiste Curatteau de la Blaiserie, PSS, fait œuvre de pionnier et ouvre le Collège de Montréal dans son presbytère de la Longue-Pointe. Cet établissement emménage en 1862 dans un bâtiment voisin du Grand Séminaire et devient, en 1968, une institution d'enseignement d'études secondaires.

En 1927, la Compagnie des Prêtres de Saint-Sulpice établit un externat classique, le Collège André-Grasset dans le nord de Montréal. Ce collège, en 1970, adopte la nouvelle formule du CÉGEP, offrant un curriculum préparatoire à l'université, de même que quelques programmes techniques.

Le départ missionnaire des Sulpiciens canadiens vers le Japon en 1933, puis vers l'Amérique latine en 1949, a été un grand défi pour la Province. Pie XI, le grand Pape des Missions, connaissait bien M. Jean Verdier, Supérieur général de la Compagnie des Prêtres de Saint-Sulpice (1929-1940), futur cardinal archevêque de Paris, et il fit appel à son aide. Il poursuivait ainsi l'initiative de son prédécesseur Benoît XV d'établir solidement des Églises autochtones dans tous les pays du monde, surtout en Asie. Il avait lui-même nommé et ordonné les premiers évêques japonais et chinois. À sa demande, il avait sensibilisé toutes les familles spirituelles à s'intéresser à l'œuvre des missions. Ainsi, Mgr Jean de Guébriant, Supérieur général des Missions Étrangères de Paris, ancien élève de Saint-Sulpice et missionnaire en Chine, avait recommandé au pape Pie XI de recevoir l'aide de Saint-Sulpice pour la formation du clergé en Asie.

En 1932, Mgr Albert Breton, évêque de Fukuoka, invite Saint-Sulpice (Province du Canada) à établir au sud du Japon l'œuvre des Séminaires en vue d'assurer la formation d'un clergé japonais pour cette région. Déjà, auparavant, le Cardinal Verdier avait assuré le départ des deux premiers Sulpiciens français en vue de la fondation du Grand Séminaire de Hanoï, au Tonkin. En visite au Canada à l'été 1932, il incite le Provincial de l'époque, M. Roméo Neveu, à fonder un séminaire au pays du Soleil levant. Lui-même, l'année suivante en 1933, veillera à la fondation du Grand Séminaire de Yunan-fu, en Chine.

Au Canada et à l'étranger, on assiste donc à la reprise du mouvement missionnaire sous l'impulsion du pape Pie XI et du supérieur général, le futur cardinal Jean Verdier.

 

seminaires province canada

 

La province canadienne de la Compagnie assume la direction de plusieurs séminaires qui se consacrent à la formation des prêtres :

Dans l'Ouest canadien
St-Boniface au Manitoba - 1954-1968


En Amérique centrale
Guatemala (Guatemala) - 1965-1970
Panamá (Panamá) - 1977-1988
Chitré (Panamá) - 2004-2007


En Colombie
Manizales - 1949-2004
Bogotá - 1960-1980
Girardot - 2005


En Argentine
Rosario - 1969-1973


Au Venezuela
Cumaná - 1971-1975


Au Honduras
Teguacigalpa - 1973-1975


Au Brésil
Londrina - 1994-2002

 

Autres institutions où des Sulpiciens collaborent à l'œuvre de formation :

Au Japon
Fukuoka - 1944-2009
Le Japan Catholic Seminary - collaboration depuis 2009

En Colombie
Cali - 1981
Zipaquirá - 1981-1999; collaboration depuis 2008
Cúcuta - 1986

Au Brésil
Brasília - 1975
Crato - 2004

Dans l'Ouest canadien
Edmonton - 1990


De plus, les Sulpiciens de la Province du Canada collaborent depuis 1980 à l'Instituto de Teología Pastoral para América Latina (ITEPAL), notamment en y assurant la direction de 1981 à 1988. De nombreux Sulpiciens y collaborent depuis 1989 à titre des professeurs invités annuellement pour divers cours et sessions.


En 1972, est constituée une Délégation provinciale des Prêtres de Saint-Sulpice en Colombie pour la région de l'Amérique latine. Elle a son siège à Bogotá, capitale de la Colombie.

 Un livre important, Les Sulpiciens de Montréal. Une histoire de pouvoir et de discrétion 1657-2007, a été publié pour présenter de façon scientifique la présence et l'activité de la Compagnie des Prêtres de Saint-Sulpice au Canada.

 

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