De nombreuses causes de béatification sont en cours, y compris aux Etats-Unis. Celle du Serviteur de Dieu, le père Michael Joseph McGIVNEY (1852-1890), fondateur des Chevaliers de Colomb, est d’un intérêt particulier pour les Sulpiciens. Au cours de l’Année Sacerdotale, l’histoire du père McGIVNEY a captivé beaucoup de personnes parce que c’est le récit exaltant d’un humble prêtre de paroisse, saint et visionnaire.

Ce qui souvent n’est pas raconté dans l’histoire de ce prêtre américain de descendance irlandaise est l’incroyable ‘French connection’ par l’intermédiaire des Sulpiciens qui ont aide à déterminer sa vocation à la prêtrise. C’est une histoire qui vaut la peine d’être racontée.

Né en 1852 dans le Connecticut à Waterbury, une ville ouvrière largement dominée par les non-Catholiques, Michael McGivney était l’aîné de douze enfants. Ses parents étaient deux jeunes immigrants irlandais partis vers le Nouveau Monde en 1849 à la recherche d’un avenir plein d’espoir. Elevé dans une famille irlandaise fortement catholique, Michael était attiré par le sacerdoce dès son enfance. Il fut encouragé et influencé par un prêtre de paroisse irlandais obstiné, le père Michael O’Neile, curé de la paroisse locale.

A l’âge de 16 ans, McGivney savait qu’il était appelé au sacerdoce. Bien que sa famille, son père en particulier, résistait à l’idée, on lui permit finalement d’entrer au séminaire. A cause d’un apport important d’immigrants francophones venus du Canada en Nouvelle Angleterre, McGivney et d’autres jeunes gens du Connecticut furent envoyés à Québec, au Canada, pour commencer leur formation au séminaire, plutôt qu’à Baltimore dans le Maryland, le lieu habituel à cette époque-là pour les séminaristes de la Nouvelle Angleterre. L’évêque espérait que ses futurs prêtres seraient formés pour assurer un ministère correct auprès des immigrants francophones. Ainsi, McGivney fut envoyé dans une école gérée par les Jésuites à Saint-Hyacinthe, une petite ville près de Montréal (Québec). Ce fut, pour McGivney, la première connection avec la France, avec la langue et la culture de la « Nouvelle France ». Il devait y avoir une seconde connection, encore plus profonde.

Après un certain temps passé au séminaire à Québec, McGivney prit une année sabbatique pour un meilleur discernement. Sa vocation ne s’était pas encore affermie. Séminariste brillant et compétent, sous un peu d’influence de ses professeurs, il avait joué avec l’idée de devenir jésuite, mais il était aussi attiré par le ministère paroissial. Après son année de réflexion, il retourna au séminaire, cette fois celui de Notre Dame des Anges, dirigé par les Lazaristes, mais il fut bientôt envoyé par son évêque au Séminaire et à l’Université de Saint Mary à Baltimore. Saint Mary est le séminaire catholique le plus ancien des Etats-Unis, fondé par les Sulpiciens en 1791 à l’invitation de John Carroll, le premier évêque catholique des Etats-Unis.

A Baltimore, McGivney rencontra un autre héritage français au cours de ses quatre années de formation sacerdotale (1873-1877) assurée par les Sulpiciens, fondés à Paris en 1641 pour la formation des prêtres. Citant un prêtre qui connaissait bien McGivney, la biographie dit ceci de lui :

A eux [les Sulpiciens] il dévoila son esprit à nouveau et, trouvant en lui la vocation idéale, ils le détournèrent totalement de l’idée de rejoinder les jésuites. L’arène de ceux qui travaillent beaucoup et avec enthousiasme plutôt que celle des penseurs placides était la sphère qui était la mieux adaptée aux qualités et à l’énergie qui étaient les siennes, ils disaient ; et ainsi, tout en louant l’érudition comme un bien de grande valeur, ils lui enseignèrent à la considérer simplement comme une qualité subsidiaire chez un prêtre – l’humanité, et non les humanités, devait désormais occuper ses études très assidues ; la compassion pour les chagrins humaines devint une propriété plus intrinsèque que la connaissance ; accumuler les connaissances était une bonne chose, ils convenaient ; mais sauver les âmes valait mieux, de façon incomparable. (D. Brinkley et J. M. Fenster, Parish Priest [William Morrow, 2006], 54-55 ; traduction de l’auteur)

Cette seconde connection avec la France fut un véritable changement de vie pour le jeune home. Le programme de formation, strict et rigoureux, offert par les Sulpiciens, avec un accent sur l’excellence à la fois académique et spirituelle, a bien servi le père McGivney. Comme le remarquait un prêtre plus tard : « … en ayant l’avantage d’une culture américaine et française qui s’ajoutait à son contexte irlandais, le jeune Michael Joseph McGivney était bien préparé pour être ordonné prêtre séculier. » (Parish Priest, 55 ; traduction de l’auteur)

Quand il rentra dans son diocèse après son ordination à Baltimore dans la basilique historique de l’Assomption, son identité de prêtre de paroisse avait été fermement modelée par ses mentors sulpiciens. Il fut aussi marqué par les difficultés économiques et les troubles raciaux dont il avait été le témoin pendant sa formation au séminaire à Baltimore. McGivney allait marquer l’histoire comme prêtre qui voyait et répondait aux besoins des pauvres dans sa paroisse et dans son diocèse. Comme ses professeurs sulpiciens le lui avaient enseigné, les prêtres sont appelés à suivre Jésus aussi parfaitement que possible. Il était exemplaire dans son ministère sacerdotal, comme le témoignaient sa piété et le souci constant de son troupeau.

Etant donné son intelligence, le père McGivney aurait pu contribuer de façon importante aux études académiques en philosophie et en théologie, s’il était devenu jésuite. Cependant, sa seconde « French connection », plus influente, le conduisit dans une direction différente. Sa place dans l’histoire est maintenant marquée de façon plus importante par une association qui est devenue l’une des plus grandes réussites parmi les organisations caritatives, les Chevaliers de Colomb (Knights of Columbus).

Avec un esprit d’anticipation incroyable, ce jeune curé de 29 ans a fondé en 1881 les Chevaliers pour aider de façon spécifique ceux qui ont des difficultés financières, à son époque souvent de nouveaux immigrants qui avaient peu de moyens pour les soins médicaux, une assurance vie, entre autres. Il savait, par son expérience personnelle, après la mort de son propre père, combien il était important que d’autres puissent apporter assistance aux familles dans le besoin, car il avait personnellement bénéficié de la générosité d’autrui pour poursuivre ses études au séminaire. Actuellement, l’organisation forte de 1,8 millions de membres continue à mettre en œuvre la vision du père McGivney dans le monde entier par le biais de son programme d’assurance vie et d’autres activités caritatives.

La Compagnie de Saint Sulpice est très fière du père McGivney. Son alma mater, le séminaire Saint Mary à Baltimore, a récemment dédié un buste du père McGivney pour honorer cet excellent ancien et les liens étroits avec les Chevaliers de Colomb qui continuent à soutenir des séminaristes actuels, en particulier par la prière et par des bourses.

En 1969 le séminaire à Saint Mary, dans la Paca Street, a fusionné avec le campus de Roland Park où il se trouve aujourd’hui. Le site de Paca Street est maintenant entretenu et préservé par les Sulpiciens sous le nom de Centre Spirituel de Saint Mary et Site historique de Paca Street.

Le site est unique dans l’histoire de l’Eglise catholique des Etats-Unis. Non seulement il est le siège du premier séminaire catholique dans le pays (1791), mais c’était aussi le foyer de la première sainte né aux Etats-Unis, Elizabeth Ann Seton (1808). Elle a fondé son école à « Seton House », qui lui avait été donnée par les Sulpiciens pour son apostolat, la conduisant à la fondation des Sœurs de la Charité de saint Joseph.

En outre, la chapelle basse du séminaire a été le lieu de naissance de la première communauté catholique afro-américaine (1797) et de la première communauté de soeurs afro-américaines (les Oblates de la Providence fondées par Mère Mary Lange et un prêtre sulpicien, J.H.N. Joubert, en 1828). Le vieux couvent, bâti en 1897, sert maintenant comme bureau du Centre Spirituel où une variété de sessions spirituelles individuelles et collectives est offerte. Un nouveau Centre d’accueil vient d’être construit pour l’accueil de visiteurs ; il détient des informations sur le père McGivney et sur d’autres saints hommes et saintes femmes qui ont pu, un jour, appeler ce lieu leur foyer.

Saint Mary dans la Paca Street offre aux visiteurs et aux pèlerins une occasion exceptionnelle pour retourner au temps des premiers jours de l’Eglise catholique des Etats-Unis. Faire le tour de Mother Seton House et de la chapelle historique du séminaire, c’est marcher là où des saints ont marché, prié et vécu. En effet, il y a un passage particulier Père McGivney avec des pavés gravés aux noms des donateurs, en particulier de divers Conseils des Chevaliers de Colomb.

La Compagnie s’unit à la prière des Chevaliers pour la béatification et la canonisation de ce grand prêtre américain ! Père McGivney, priez pour nous !