Madame Guyon : histoire d’une mystique 

Jeanne-Marie Bouvier de La Motte, que l’on appelle plus couramment Madame Guyon, est le nom d’une mystique catholique française dont la pensée religieuse qualifiée de « quiétiste » sera condamnée en 1695 par l’Église de France.

jeanne guyon estampeNée le 13 avril 1648 à Montargis, elle est la fille de Claude Bouvier, seigneur de La Motte Vergonville et de Jeanne Le Maistre de La Maisonfort. Son père exerça comme maître des requêtes de la reine Anne d’Autriche puis comme procureur du roi au bailliage de Montargis. Ses parents confient son éducation à diverses communautés religieuses de sa ville natale où elle séjourne jusqu’à l’âge de 11 ans. Chez les religieuses, elle découvre la vie et les œuvres de Jeanne de Chantal et de saint François de Sales dont la lecture la marquera pour le restant de sa vie.

Le 18 janvier 1664, elle épouse Jacques Guyon, fils du riche constructeur du canal de Briare qui relie la Seine à la Loire. De vingt-deux ans son aîné, Jacques Guyon prend sous son toit la jeune Jeanne-Marie qui n’a, quant à elle, que 16 ans.

En 1668, elle fait la rencontre de la duchesse de Béthune-Charost, fille de l’ancien surintendant des finances Nicolas Fouquet, qui est contrainte de s’exiler à cause de la disgrâce de son père. Elle vient alors s’installer chez le père de Madame Guyon à Montargis. La duchesse, de son nom Marie Fouquet, devient une intime de Madame Guyon. Formée à l’école de Jacques Bertot qui avait fréquenté l’Ermitage de Caen fondé par le célèbre mystique Jean de Bernières, Marie Fouquet a donc été l’une des sources d’inspiration majeure de Madame Guyon en termes de mysticisme.

Son mariage que l’on pourrait qualifier de malheureux fut, en effet, ponctué d’épreuves. En 1670, Madame Guyon contracte la variole alors qu’elle est en train de soigner son fils aîné. La maladie très contagieuse gagne son fils cadet qui, lui, n’y survivra pas. Sa fille de trois ans, benjamine de la fratrie, parvient à en guérir tandis que la mère conservera les séquelles de cette variole qui la laisse défigurée.

En 1674, elle met au monde un autre fils qui sera suivi d’une fille, Jeanne-Marie. Cette dernière l’accompagnera dans ses voyages lorsque sa vie prendra un nouveau tournant.

Et le tournant ne tarde pas à arriver avec le décès de son mari qui survient le 21 juillet 1676, laissant la jeune mère veuve à seulement 28 ans. Celle-ci se retrouve à la tête d’une fortune considérable et de plusieurs enfants à charge. Contre l’avis de sa famille, elle refuse de se remarier et décide de consacrer son veuvage aux œuvres de piété et de charité.

C’est en 1681 qu’elle quitte Montargis sur les conseils de l’évêque de Genève Mgr Jean d’Arenthon d’Alex qu’elle rencontre à Paris. Celui-ci lui demande de prendre la direction d’une communauté de Nouvelles-Catholiques à Gex dans son diocèse. Arrivée en juillet de la même année, elle y fait un long séjour de deux ans qui la convainc de ne pas accepter le supériorat des Nouvelles-Catholiques. L’on dit que Madame Guyon aurait été choquée par les méthodes d’abjuration forcée de la foi protestante employées à l’encontre de certaines membres.

Au pays de Gex, Madame Guyon retrouve le père François Lacombe qu’elle avait connu à Montargis en 1671. Il devient dès lors son directeur spirituel.

En 1683, elle quitte Gex pour s’installer à Thonon auprès d’une communauté de religieuses ursulines où elle fait l’apologie du mysticisme ce qui achève de la brouiller avec Mgr d’Arenthon. C’est d’ailleurs à Thonon qu’elle compose son premier traité mystique, les Torrents. Celui-ci ne sera pas publié avant 1704. Elle quitte la ville à l’automne 1683 afin de se mettre en route pour Turin. Au printemps 1684, Madame Guyon regagne Grenoble où elle fait publier son Moyen court et très facile de faire oraison de façon anonyme. Cet ouvrage dans lequel elle célèbre sa doctrine du Pur amour et sa méthode d’oraison passive connaîtra un tel succès dans le diocèse de Grenoble et particulièrement au sein de plusieurs communautés religieuses locales que cela finira par indisposer l’évêque jansénisant du lieu, Mgr Étienne Le Camus. Ce dernier lui reprochera de vouloir s’ériger en « directeur de conscience ». Il lui demande de quitter son diocèse au printemps 1685. Plus largement, elle s’attire à cette époque l’hostilité de tout le parti janséniste, profondément anti-mystique.

Ce fonds mystique, elle le tire pourtant d’une certaine tradition française de son époque, auprès de figures telles que le capucin Benoît de Canfeld, le frère carme Jean de Saint-Samson ou encore le laïc mais non moins mystique Jean de Bernières, traditions auxquelles elle mêle certaines idées puisées chez saint Jean de la Croix.

Congédiée, elle reprend ses pérégrinations qui la font passer par Marseille pour aboutir à Verceil dans le Piémont où elle rejoint son confesseur le père Lacombe. Elle demeure auprès de ce dernier une année durant, avant de se mettre en route pour Paris avec lui. Tous deux arrivent dans la capitale en juillet 1686. Pendant ce temps, le chef de file du Quiétisme le père Miguel de Molinos est en détention à Rome où il a de bonnes raisons de s’inquiéter puisque ses œuvres qui avaient reçu l’Imprimatur 12 années auparavant, seront finalement condamnées pour hérésie par la Congrégation du Saint-Office. Il semble que Madame Guyon n’ait jamais rencontré personnellement le père de Molinos mais l’on sait que le succès de ses œuvres dépassait les frontières de l’Aragon dont il était originaire. On peut cependant observer d’étonnantes similarités dans les idées et la méthode d’oraison que Madame Guyon répand, avec celles du malheureux mystique espagnol forcé d’abjurer puis condamné à la prison perpétuelle en 1687.

Revenons à Paris où depuis le quartier du Cloître Notre-Dame, sur l’île de la Cité, réside désormais Madame Guyon. Celle-ci reçoit beaucoup et continue de diffuser ses idées. Elle retrouve son amie la duchesse de Béthune-Charost qui lui ouvre davantage l’accès aux élites de la Cour.

C’est alors qu’elle est brutalement internée au Couvent de la Visitation du faubourg Saint-Antoine en janvier 1688 sur ordre de l’archevêque de Paris Mgr Harlay de Champvallon où elle fait l’objet de pressions. On la sépare de sa fille Jeanne-Marie qui l’avait accompagné durant tous ses voyages. Cette détention s’expliquerait par un différent entre son demi-frère le père de La Motte et son directeur de conscience le père Lacombe après que Madame Guyon ait cessé de pensionner son demi-frère mais l’affaire reste obscure…

Madame Guyon doit sa libération à sa cousine Mademoiselle de La Maisonfort, pensionnaire à Saint-Cyr. Cette dernière avait sollicité l’aide de Madame de Maintenon, épouse secrète de Louis XIV qui était à l’origine de la fondation dudit pensionnat. La Maisonfort demande donc à Madame de Maintenon la libération de sa cousine qu’elle parviendra à obtenir.

Madame Guyon est ensuite reçue à Saint-Cyr où elle séduit l’épouse du roi qui souhaite tirer parti de sa présence au pensionnat royal de Saint-Cyr. On y éduque les jeunes filles de l’aristocratie, désargentées ou orphelines.

Tout près de là, au château de Beynes, Madame Guyon rencontre pour la première fois l’abbé de Fénelon en octobre 1688 qui reconnaît en elle une femme touchée par la grâce.

fenelon gravure

Madame de Maintenon et l’abbé de Fénelon tombent donc tous deux sous le charme de la dame Guyon qui trouve à Saint-Cyr un avant-poste privilégié pour exercer son apostolat mystique.

Madame de Maintenon qui connaît des moments de sécheresse dans sa vie foi lira le Moyen court et facile de faire oraison, lecture dont elle tirera un grand profit. Parallèlement, elle fait de l’abbé de Fénelon, l’un de ses directeurs de conscience. Ce dernier encourage ces lectures et voilà que tout le pensionnat se passionne pour les écrits de Madame Guyon.

Entretemps, son Moyen court est mis à l’Index dès 1689 soit deux ans après la condamnation des écrits du père Molinos à Rome.

En 1691, Madame de Maintenon finit par prendre ombrage de l’influence et de l’autorité grandissante de Madame Guyon à Saint-Cyr. Influencée par son autre confesseur Monseigneur Godet des Marais, évêque de Chartres, qui cherche à nuire à son rival Fénelon, elle finit par ordonner le renvoi de Madame Guyon puis de l’abbé lui-même. Après le départ de celle-ci, on débarrasse le pensionnat de tous ses livres.  

Madame Guyon continue cependant de faire parler d’elle car elle est soutenue par plusieurs éditeurs qui assurent la diffusion de ses œuvres dont le bruit va croissant dans tout le Royaume.

C’est à ce moment que Bossuet entre en scène sollicité à la fois par Fénelon, blessé d’avoir été ainsi éconduit, et par Madame de Maintenon qui cherche à faire condamner le quiétisme de la mystique Guyon. L’Aigle de Meaux entame alors l’examen de ses écrits en août 1693. Il rend son verdict en mars 1694 dans lequel il condamne sa doctrine.

bossuet eveque meauxJacques Bénigne Bossuet, évêque de Meaux

Une commission est alors créée en juillet 1694. Elle est chargée d’examiner les idées et les œuvres de Madame Guyon. Y siègent Monseigneur Bossuet évêque de Meaux, Louis Antoine de Noailles, évêque de Châlons et Monsieur Tronson, Supérieur du Séminaire Saint-Sulpice. La demeure des Sulpiciens à Issy, près de Paris, constitue le cadre idéal pour accueillir les travaux de cette commission qui durera plusieurs mois et que l’on qualifiera d’entretiens ou de conférences d’Issy. Une plaque commémorative de ces « entretiens d’Issy » est toujours conservée au Séminaire Saint-Sulpice.

tronsonLouis TronsonFénelon et sa protégée ne sont pas invités à participer aux travaux de cette commission. Cela n’empêche pas Madame Guyon de rédiger des Justifications tandis que Fénelon prépare la défense de sa dirigée en insistant sur le mysticisme de grands saints telles que saint François de Sales ou sainte Thérèse d’Avila.

L’archevêque de Paris Mgr Harlay de Champvallon n’attend pas la conclusion des travaux. Passées les premières conférences, il prend une ordonnance en octobre 1694 pour condamner les écrits de Madame Guyon.

Pensant Bossuet favorable à sa cause, elle se met sous sa protection au couvent de la Visitation de Meaux en janvier 1695 où elle le rencontre à plusieurs reprises afin de le convaincre de la pureté de ses idées. Bossuet tente quant à lui de lui faire avouer son hérésie, aveux qu’il ne parvient pas à obtenir.

Le mois suivant, Fénelon accède à l’épiscopat. Il est nommé archevêque de Cambrai le 4 février tandis que les conférences reprennent à Issy. En mars 1695, Monseigneur de Fénelon est invité à la dernière séance des entretiens d’Issy qui se soldent par une condamnation sévère du quiétisme de Madame Guyon.

conferences issyLes Conférences d'Issy

Contraints, Fénelon et Madame Guyon signent leur adhésion aux 34 articles d’Issy ce qui n’empêche pas l’arrestation de Madame Guyon qui a lieu un peu plus tard en décembre 1695. Celle-ci est suspectée d’avoir repris son enseignement mystique. Elle est emprisonnée à Vincennes. Libérée en octobre 1696, elle est placée en résidence surveillée dans une petite maison du village de Vaugirard près de Paris. On tente de faire témoigner Monseigneur de Fénelon contre elle, ce qu’il refuse de faire. Bien au contraire, il rédige à ce moment les Maximes des saints sur la vie intérieure (1697) que Louis XIV parviendra à faire condamner par Rome avec l’aide de Bossuet. L’Aigle de Meaux qui a la faveur du roi et de son épouse cherche à les accabler en publiant à son tour une Relation sur le quiétisme en juin 1698, œuvre dans laquelle il a recours à des documents que Madame Guyon lui avait confié sous le sceau du secret caractérisant la confession sacramentelle. C’est d’ailleurs au moment où Bossuet publie sa Relation que Madame Guyon est une nouvelle fois arrêtée puis embastillée.

A la Bastille, elle fait l’objet d’interrogatoires aussi serrés que tendus menés par Nicolas de La Reynie en personne, celui-là même qui avait réformé avec succès les institutions policières faisant de Paris une cité très sûre. Là encore, Madame Guyon parvient à éviter tous les pièges qui lui sont tendus. Malgré l’échec de l’enquête qui vient la disculper, Madame Guyon devra attendre le mois de mars 1703 avant de pouvoir recouvrer la liberté.

Autorisée à s’installer chez son fils près de Blois où sa résidence est surveillée, elle entretient de nombreuses relations épistolaires avec les amis qui lui sont demeurés fidèles, au premier rang desquels le grâcieux et disgrâcié Cygne de Cambrai.

Dans le blésois toujours, elle continue d’écrire et achève la rédaction de son autobiographie qu’elle avait démarrée en 1688 aux anciens jours de sa gloire, à Saint-Cyr, lorsqu’elle détenait les faveurs de l’épouse du roi.

Elle rend son dernier soupir à Blois le 9 juin 1717. La diffusion de ses œuvres lui est assurée par son ami le pasteur Pierre Poiret entre 1712 et 1720. Ses lettres spirituelles seront publiées en 1767 par le pasteur Duthoit.

 

Quiétisme et gallicanisme

Les conférences d’Issy ne doivent pas être analysées que sur le plan doctrinal et religieux. Cet évènement majeur dans l’histoire de l’Église de France sous l’Ancien Régime mérite aussi une analyse politique quant aux rapports entretenus par le roi de France avec le Souverain pontife.

Tout commence en 1673 avec l’affaire de la régale au sujet des revenus des abbayes et des évêchés vacants dont le roi revendiquait la jouissance tant qu’un nouvel évêque ou un nouvel abbé n’était pas investi. Ce conflit qui l’oppose au pape Clément X puis Innocent XI atteint son paroxysme avec la Déclaration des Quatre articles adoptée par l’Assemblée du Clergé de France en 1682.

Rédigée en grande partie par le nouvel évêque de Meaux et célèbre orateur Jacques Bénigne Bossuet, figure montante de l’épiscopat français, la Déclaration liste les libertés de l'Église gallicane. Elle vise à cantonner l’évêque de Rome à des prérogatives purement spirituelles. Les Quatre articles vont jusqu’à affirmer que les conciles œcuméniques sont supérieurs à l’autorité du pape qui ne peut les contredire malgré la primauté du Siège de saint Pierre. Louis XIV cherche ainsi à affaiblir le pouvoir papal en revendiquant un droit de regard sur les affaires religieuses de son royaume.

Cet évènement majeur dans l’histoire du gallicanisme, pose les jalons de la question de l’infaillibilité pontificale qui ne se résoudra qu’au siècle suivant lorsque le concile Vatican I viendra sanctionner la montée en puissance du pape et de l’ultramontanisme en 1870.

Innocent XI réagit aux Quatre articles en refusant de donner l’investiture canonique aux évêques nommés par Louis XIV, comme le prévoyait le concordat de Bologne (1516), ce qui a pour effet de désorganiser la vie religieuse en France.

Il faut attendre l’année 1693 pour que le conflit prenne fin entre la papauté et la France avec l’accession d’Innocent XII au siège de Rome.

Le sort réservé à Molinos que le Saint-Office condamne pour quiétisme en 1687 pousse Louis XIV à s’aligner sur cette ligne afin de favoriser la résolution de son conflit avec Rome ce qui pourrait bien expliquer le revirement de Madame de Maintenon vis-à-vis de la dame Guyon en 1691.

 

pape innocent XIIPape Innocent XII

 

Le Fonds Fénelon aux Archives de Saint-Sulpice de Paris

Nous conservons aux Archives de Saint-Sulpice deux documents majeurs relatifs aux Conférences d’Issy.

Le manuscrit 2134 constitue un exemplaire des 34 articles. Les travaux de la commission se concluent donc par un document « délibéré à Issy le 10 mars 1695 ainsi signé Jacques Bénigne Évêque de Meaux, Louis Antoine Évêque de Châlons, François de Fénelon nommé à l’archevêché de Cambrai ». Les signatures de Louis Tronson, hôte des conférences, et de Bossuet sont apposées au-dessous du 34ème article.

On peut remarquer des paraphes apposés par Bossuet en marge ou en bas de la plupart des pages ce qui prouve que c’est bien lui qui préside les travaux de cette commission.

Les 34 articles sont suivis par la transcription de l’acte de rétractation de Madame Guyon signé « Jeanne Marie Bouvier de La Motte de Guyon » dans lequel Bossuet lui enjoint « de n’écrire aucun livre, ni enseigner ou dogmatiser dans l’Église, ni de conduire les âmes dans les voies de l’oraison ou autres […]. Fait à Meaux dans le monastère de la Visitation Sainte Marie ce 15 avril mil six cent nonante cinq », monastère où elle s’était retirée afin de pouvoir le rencontrer pour l’infléchir.

Dans la transcription de la seconde rétractation qui est datée du 1er juillet 1695, Madame Guyon reconnait la condamnation de son Moyen court et de son Cantique des cantiques. Elle affirme en outre que les copies de son œuvre les Torrents ont subi de telles altérations et falsifications qu’elle nie en être l’auteur.

Ces deux rétractations signées par la condamnée sont suivies des transcriptions de deux attestations remises par l’Évêque de Meaux à Madame Guyon aux mêmes dates : les 15 avril et 1er juillet 1695, dans lesquelles Bossuet prend acte de sa soumission.

La transcription de ces actes est précédée par les mentions marginales « N. M. Phélipeaux rapporte cet acte ». S’agit-il du Secrétaire d’état chargé de la Maison du roi Louis II Phélypeaux de Pontchartrain [1690-1699] ? Cela serait bien possible quand on sait que le département de la Maison du roi est devenu compétent pour les affaires du clergé dès 1661, sans compter le rôle joué par l’épouse du roi dans cette affaire.

D’autre part, le manuscrit 2005 qui est en réalité un recueil factice reliant ensemble plusieurs pièces d’archives constitue une autre source d’informations précieuse pour mieux comprendre le processus qui a abouti à la rédaction des 34 articles.

Composé de 16 pièces dont beaucoup d’originaux, l’analyse de ce recueil nous permet de comprendre que les premières séances de travail avaient abouti à la rédaction de 30 articles présentés par Bossuet à l’abbé de Fénelon qui se dit prêt à les signer à condition que l’on y apporte quelques clarifications. Les séances suivantes apporteront ces clarifications, matérialisées par l’ajout de 4 articles, ce qui portera leur nombre à 34.

L’on peut constater également que loin de prendre fin, le conflit entre l’Aigle de Meaux et le Cygne de Cambrai a connu des suites. Cela est particulièrement clair, pièce n° 13 qui s’intitule « articles proposés par M. l’archevêque de Cambrai à Monseigneur l’archevêque de Paris en présence de Madame de Maintenon, dont il n’est pas disconvenu ». Cette pièce est datée de février 1697 avant la publication de ses Maximes des saints où il allait prendre la défense de Madame Guyon. Fénelon a également impliqué Rome en vue de cette publication pour laquelle il a demandé l’appui du Saint-Office mais malgré les justifications spirituelles qu’il apporte dans ses Maximes,  Rome prendra le parti de Monsieur de Meaux.

Jugées illisibles par l’opinion publique, les Maximes de Fénelon n’obtiendront pas le succès qu’obtiendra Bossuet dans sa réponse qui paraît un an plus tard : Relation sur le quiétisme (1698). Le style que le grand orateur de Meaux y emploie à dessein pour disqualifier Monsieur de Cambrai lui attire une foule de rieurs auprès du petit peuple aussi bien qu’à la Cour.

 

 


 

M. Zakaria HILAL, archiviste de la Compagnie des Prêtres de Saint-Sulpice - Paris

 

 

 

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